9 oct. 2014

Vendredi 9 octobre 1914

Louis Pergaud écrit dans son carnet de guerre :

   "Qu'est-ce que nous avons reçu : plus de 100 obus percutants ou fusants - le lieutt blessé, 4 hommes atteints, la marche en retraite avec des hommes qu'il fallait soutenir, guider, encourager comme des enfants. Nous reculons à peine de 300 m et le terrain sera réoccupé le soir. 3 chefs de section sur 4 sont blessés - une balle est tombée à 10 cm de ma tête - 3 obus percutants ont éclaté un à droite un à gauche, et un en avant à 3 m de moi - pendant ce temps, un autre éclatait juste au-dessus de ma tête et je n'ai rien vu. Mon lieutt est blessé au bras et à la cuisse, me voilà chef de section.
   A la crête que nous occupons, je rassemble une vingtaine d'isolés que je garde en attendant de pouvoir leur faire rejoindre leurs compagnies. Le soir bivouac devant Fresnes en feu. Le clocher d'Hennemont flambait, des soldats sont allés cuire leur viande au feu de l'incendie. J'ai bu 1/4 d'eau avec délices. Une pomme est un régal. Hier soir nous avons pris le jus.
   Ce matin nous venons de réoccuper la tranchée de l'est de Fresnes - il y a en avant de nous quelque chose qui empoisonne - homme mort ou bête crevée - de l'eau dans le tranchée - les hommes vont pour leurs besoins dans un petit coin en retrait à notre droite et l'odeur qui vient n'est guère réjouissante. Le bombardement à midi a été moins intense qu'hier. ce soir nous prenons les avant-postes. Reçu quantité de lettres - bombardement - le soir nous couchons sur les positions. Je veille toute la nuit, causant avec ce bon Dastis. Il fait froid - demain la compagnie est évacuée sur le camp du Tillat près (de) Chevert."