4 oct. 2014

Dimanche 4 octobre 1914

Louis Pergaud écrit à son épouse :

   "J'ai passé ma première nuit sous bois, dans une hutte de branchages confectionnée à la hâte, mais que je vais aménager savamment aujourd'hui, selon la science acquise jadis au temps de "La Guerre des boutons" 1. On n'y était pas trop mal malgré le fraîcheur nocturne. Le matelas était un peu dur et le sac servait d'oreiller. Rien n'est plus pittoresque que notre installation provisoire, avec ses feux de bivouacs, et la cuisine qu'on fait dans une marmite tendue entre deux bâtons. Seulement, l'eau manque un peu ; il faut aller la chercher loin, et si l'on en a besoin pour boire à sa soif, c'est bernique pour se débarbouiller. Ce soir, nous serons obligés de veiller, mais l'on se reposera demain. Notre nourriture est bonne et nous la mangeons d'excellent appétit. je vais très bien, ma chère petite, et je t'embrasse de tout coeur mille et une fois, en attendant le jour tant espéré du retour."

1 "Je suis chef de petit poste au moulin de Bonzée avec un poste d'écoute à 350 mètres sur la route de Fresne"
(Carnet de guerre)