3 avr. 2012

La Population de Voillans en 1654 - 1657 - 1666

Comme suite à notre message sur les familles anciennes voici une fort intéressante communication de François Champroy.
Elle concerne le population du village juste après la guerre de Dix Ans qui avait décimé toute la région et Voillans en particulier.

La fin du XVIIème siècle est une période de reconstruction après l'épisode douloureux de la Guerre de Dix Ans (1634-1644) et l'extermination d'une grande partie de la population par les troupes du fameux duc Bernard de Saxe-Weymar et ses terribles Suédois, qui exercèrent alors dans nos contrées des ravages tels que le souvenir en est toujours vivant dans la mémoire des anciens villageois d'aujourd'hui.
Le patois vernaculaire en a gardé le souvenir en abominant les "Schweds", qui n'étaient pas d'ailleurs les seuls responsables du fléau déclenché surtout à partir de 1635-1636 par une fantastique épidémie de peste noire, bubonique.


1654 - 1657 - 1666 : voici les noms des habitants :

        VOILLANS      12 ménages                              57 personnes



  • Chez Monsieur de Montboillon * 2 valets - 2 servantes = 4                                  
  • Jean BRESARD, sa femme, sa fille, 1 petit-enfant, 1 valet - 1 servante = 6       
  • Dominque FERRY, sa femme, 3 enfants = 5                                                          
  • François PAUTHIER, sa femme, 1 enfant, 1 valet = 4                                       
  • Antoine REGNAUD, sa femme, 1 enfant, 1 valet = 4                                           
  • Jean LESCOFFIER, sa femme, 2 enfants = 4                                                       
  • Claude ROSNE, sa femme, 1 enfant = 3                                                                  
  • Jean SIRHENRY, sa femme, 3 enfants = 5                                                             
  • Martin FRESNEY, sa femme, 3 enfants = 5                                                          
  • Nicolas MAUVAIS, sa femme, 2 enfants = 4                                                       
  • Martin FRENELET, sa femme, 5 enfants = 7                                                        
  • Pierre ... (de Suisse), sa femme, 4 enfants = 6                                                        

Par rapport à la liste de 1580
Nous ne retrouvons que trois noms :
Sirhenry - Frenelet - Fresney ou Frasney


Le seul mur qui subsiste de la guerre de Dix ans  à Voillans serait celui-ci, selon François Clerc (tradition orale) :



Rue de la fromagerie - juste en face du Chemin des Planchottes


Marcel Trimaille qui est né dans cette maison en 1932 avait entendu dire par sa maman, Louise,  que la maison était très ancienne. Il raconte que le mur dont nous parlons mesure un mètre d'épaisseur notamment dans l'ancienne écurie et monte assez haut (jusqu'au toit). Sa taille peut justifier le fait qu'il soit resté debout après le passage des Suédois !

Mais il y avait peut être d'autres restes qui ont été réutilisés ! Des maisons, en effet,  ont été reconstruites dans les années qui suivirent puisque nous donnons 12 ménages entre 1654 et 1666.
(Prochainement La population en 1750).


Extrait de "Histoire de Baume les Dames" Alexandre Borrot


La terrible guerre de Dix Ans
     En 1633, La région tomba sous le pouvoir direct du roi d'Espagne Philippe IV. Il en résulta pour la malheureuse province une période effroyable, connue sous le nom de guerre de Dix Ans, épisode sanglant de la Guerre de Trente Ans.
      Richelieu, en guerre avec l'Espagne, envoya Henri II de Condé (le père du grand Condé) pour s'emparer de notre région. Mais les Français se heurtèrent à une résistance générale. Dans le sud du pays, le capitaine Lacuzon acquit une gloire légendaire avec ses corps francs. Ce fut la plus horrible des guerres. Le Duc de Saxe-Weimar, allié de Richelieu, à la tête d'une armée de Suédois, massacrait, anéantissait tout sur son passage. Baume épouvantée le laissa entrer sans résistance (6 juillet 1637), et il exigea une contribution de 140 000 livres. Comme la ville ne pouvait lui en donner que la moitié, il emmena six otages et livra au pillage et au massacre la ville et la campagne. Même dans l'église de l'abbaye, des réfugiés furent égorgés. C'est à ce moment que la village de Dampvaux fut rasé. Les habitants désertèrent le pays, les champs étaient abandonnés, les troupeaux crevaient, l'herbe poussait dans les rues de la ville. Les gens se cachaient dans les cavernes et les bois pour éviter "la pendaison, la crucifixion, le bûcher, l'enfouissement vivants". A Villers-le-Sec (aujourd'hui Villers-Saint-Martin) les habitants avaient cherché refuge dans une grotte : ils furent découverts et les Suédois les firent périr en les enfumant. A Autechaux, raconte-t-on, en décembre 1638, une femme tua un enfant de la Plainefin et le dévora en trois jours ; mais elle en mourut.
     Ce fut seulement à la signature des traités de Westphalie (1648) que la Comté  retouva la paix. Les Suédois partirent, la province était rendue à l'Espagne. Mais dans quel état ! Elle était terriblement anémiée, dépeuplée.




Bernard de Saxe-Weimar






Extrait de l'ouvrage d'Alfred BOUVERESSE "Histoire de Cuse et Adrisans  Nans  Gondenans les Moulins ... avec fonds commun pour les villages du secteur Rougemont-Baume"


Ecoutons un témoin direct, le capitaine de Mandres, écrivant à la cour le 18 avril 1636 : "Les Suédois enlèvent partout les chevaux, le linge, le lard et les grains, tuant les paysans et empêchant tout trafic et tout labourage".
Une autre lettre annonce que Weymar est à la frontière avec quatre mille hommes et qu'il avance. Une partie de son monde s'est jetée sur Vauvillers et les environs, tuant un grand nombre de personnes, violant femmes et filles, emmenant prisonniers et bestiaux. Ils ont saccagé Mailleroncourt, tué plus de cent querante personnes, mis le feu au village et pris cent quarante pièces de bétail. Citons encore ce fait raconté par Bonvalet, dans sa notice sur Coiffy "Un corps de l'armée suédoise sortait de ce village après y avoir séjourné quelque temps, lorsque un coup de fusil tiré du clocher, tua l'un des soldats de l'arrière-garde. Les suédois furieux rentrent aussitôt dans le village et assouvissent leur vengeance dans le sang du pasteur et de trois cents quatre vingts huit personnes".

... tous les villages du bailliage d'Amont (dont Voillans) eurent cruellement à souffrir des ravages de l'armée suédoise, ainsi que de la peste, de la famine et de tous les autres fléaux que la guerre entraine après elle. "A ce point, dit le Marquis de Monglat, que la campagne deshabitée ressemblait plutôt à un désert  qu'à un pays qui eût jamais été peuplé". 
En même temps la frontière était infestée de partisans de toute espèce, bandits, pillards et assassins qui commettaient les pires excès. Le chef du bailliage d'Amont écrivait en ces termes aux gouverneurs de la province "Nous sommes obligés de prevenir vos seigneuries que dans ce bailliage et autres lieux limitrophes, il se commet un grand nombre de meurtres et de voleries ... l'on trouve tous les jours des corps morts ... personne n'ose circuler sur les routes ... les pauvres laboureurs appréhendent de se mettre aux champs, avec leurs chevaux pour les semailles".


Et si vous êtes passionnés d'histoire allez sur cette page du site de Frasne : 
La Guerre de Dix Ans en Franche Comté


Un ouvrage de référence également : "La Guerre de Dix Ans" de Gérard Louis.
Pu Franc-Comtoises (27 avril 1998) Collection : Cahiers d'études comtoises (épuisé)


La famille de Montboillon
Charles de Thomassin baron de Montboillon épousa Claire-Eugénie de Pierrfontaine de Voillans dont il eut une  fille unique Anne-Eléonore marquise du Châtelet.
Henri de Pierrefontaine seigneur de Voillans épouse Dorothée de Lallemand 1601 -1636
Nous sommes exactement à l'époque de la Guerre de Dix Ans.
La généalogie des ces familles aristocratiques est complexe !
Des recherches sont en cours ...

à suivre ...