7 avr. 2015

Mercredi 7 avril 1915

Dernière lettre de Louis Pergaud à son épouse :

    "J'ai reçu de toi une bien bonne lettre, toute imprégnée d'amour, toute débordante de tendresse. Merci, mon bon petit, de m'écrire si longuement et de me dire des choses si douces au coeur, si réconfortantes ...
   ... Je te conterai plus tard des histoires émouvantes et terribles, et de gaies aussi ... En attendant, il faut s'armer de patience et de courage.
    Nous n'avons pas bougé hier encore et j'ai passé une très bonne nuit dans un bois de lit rempli de paille avec mon sac de couchage, une couverture et un oreiller.
   Il a plu toute la nuit. Mais, aujourd'hui, il n'est encore rien tombé. Le canon gronde toujours à côté de nous et la fusillade crépite. Les Boches ont essayé vainement de nous canarder, mais leurs obus à bout de souffle venaient péniblement renifler dans la terre à 50 mètres du village. Ce qu'ils devaient rager.
   A demain, ma chérie, je te prends dans mes bras et je t'embrasse de toute mon âme, de toutes mes forces et de tout mon coeur."


Dans la nuit du 7 au 8 avril 1915, Louis Pergaud prit part à la tragique attaque où il disparut.
Son carnet de guerre finit au 6 avril sur ces mots :
"Des bruits nouveaux circulent. Marchéville serait repris et nous aurions également avancé du côté de Combre. Mais rien n'est confirmé."

 Retrouvez Louis Pergaud dans un lien intéressant : La Malle de Louis Pergaud

Depuis le mois d'août dernier nous avons publié quelques lettres de notre célèbre écrivain comtois pour tenter de faire revivre ce que les dix jeunes du village qui sont tombés au combat ont pu connaitre. C'est un hommage à leur sacrifice. Nous reparlerons de ces jeunes.