13 nov. 2014

Vendredi 13 novembre 1914

Louis Pergaud écrit à son épouse :

   "Aujourd'hui encore il ne fait pas très chaud. Cette nuit nous avons battu les champs, de 4 heures à 9 heures, et finalement nous sommes revenus cantonner vers 10 heures à Riaville. On craignait une attaque boche qui s'est produite, en effet, mais a été repoussée. Il paraît qu'ils ont une cinquantaine de morts pour une douzaine de notre côté. Aujourd'hui, je garde l'issue est du village avec 16 hommes et nous sommes à l'heure où je t'écris dans un boyau étroit recouvert de terre et de madriers pour éviter d'être atteints par les obus. J'ai eu quelques petits malheurs cette nuit. D'abord, en faisant une patrouille j'ai perdu mon cache-nez, ensuite, j'ai mis la main en tombant dans un étron *. Heureusement que j'ai trouvé de l'eau et que j'ai pu me laver...
   La nuit n'a pas été mauvaise. Nous avons pu faire du feu dans l'espèce de cave-chambrée où nous étions serrés ; mais ce matin, ça pince. Heureusement que j'ai ton passe-montagne chaud et des provisions pour me garnir le ventre ..."

* étron : matière fécale consistante et moulée de l'homme et de quelques animaux.