20 déc. 2011

Voillans sous la Révolution 10 (Guillaume Bonney)



Voici le dixième article concernant La Révolution Française à Voillans.


Article précédent : Voillans sous la Révolution 9 Simon Chapuis (suite)

Nous avons bien conscience que tout un chacun n'est pas directement intéressé par ces extraits d'anciens Bulletins Paroissiaux. Mais, dans le village, comme à l'extérieur, de nombreux visiteurs sont, eux, curieux de l'Histoire Locale, dont ces extraits font partie à juste titre. 
La vision cléricale de ces événements est une lecture partielle comme l'était du reste la lecture de Jules Michelet. Elle reste un témoignage solide des persécutions de cette époque troublée qui malheureusement existent ailleurs dans le monde encore de nos jours à l'égard des religieux quelle que soit leur croyance. Aujourd'hui, dans l'extrait qui suit, le texte évoque un enfant du village : Guillaume Bonney.
Une question se pose à nous cependant en publiant ce texte : la localisation de la  chapelle St Nicolas que nous avons citée précédemment.
Nous cherchons ... avec une piste ... si quelqu'un a des précisions qu'il nous le fasse savoir... merci ...
... et cet extrait contient en prime un côté "féministe" qui rappelle l'article que nous avions publié le 1er décembre 2010 : Chronique : Les Femmes à Voillans au XVIIème siècle ... les lignes qui suivent vous montreront ... qu'elle avaient une belle constance ! 
Mais ... cette fois, à la Révolution,  elles ne furent pas seules ... nous le verrons dans le prochain extrait !





Voillans sous la Révolution 10


Janvier 1954

   La persécution prit à ce moment une recrudescence bien marquée. Le département menait de front la guerre contre les personnes et les choses religieuses. Sous prétexte d'exécuter une loi des finances dont il dépassait vraisemblablement l'intention et la portée, il assuma l'odieuse initiative d'une mesure qui allait désoler une multitude de paroisses. Il prit, le 19 juin 1796, cet arrêté désastreux : "Considérant que la loi du 18 ventôse dernier ayant affecté au gage des mandats (assignats) tous les domaines nationaux susceptibles d'être vendus, il devient urgent de désigner les presbytères qui doivent être réservés pour servir de logement aux instituteurs et institutrices primaires ; l'administration : art. 1er - Tous les ci-devant presbytères, jardins et vergers en dépendant situés dans le département et non réservés par la loi du 28 ventôse dernier." L'article suivant désignait cent soixante quatre presbytères à conserver, celui de Voillans entre autres.
   La population affligée de voir son desservant sous le coup de la loi et son presbytère désaffecté pour servir de logement à l'instituteur, fut encore plus affectée par un évènement qui mit tout la pays en émoi dans le courant de juillet de cette même année 1796.
    La gendarmerie de Baume, nous dit Sauzay dans son "Histoire de la persécution révolutionnaire dans le Doubs", s'étant transporté à Voillans, y saisit le père Jean-Claude Cassard, capucin, dit le Père Salomon, originaire de Landresse, en même temps qu'un autre ecclésiastique dont le nom n'a pas été conservé. Ce dernier fut enlevé de force aux gendarmes pendant le trajet, par un rassemblement de catholiques armés. Le Père Cassard, resté entre les mains des soldats, fut conduit dans les prisons de Besançon. Il déclara à l'accusateur public, qu'ayant droit à une pension et n'ayant prêté aucun serment, il se trouvait peut être sous le coup de la loi, mais qu'il n'avait jamais reçu l'ordre de se déporter. Il fut retenu prisonnier comme étant sujet à la déportation. Il était âgé de 33 ans.
    Cet autre ecclésiastique dont l'historien Sauzay ignore le nom, était un enfant de Voillans, l'Abbé Guillaume Bonney, fils de François Bonney et de Jeanne Girard. Il était né à Voillans, le 18 novembre 1732, et avait été poussé au sacerdoce par les familles d'Auquoy et Girard, les seigneurs du pays, qui l'avaient pris en affection et l'avaient présenté comme bénéficiaire de la chapelle St Nicolas de Voillans, le 6 mai 1756. Il était des fêtes du château : il assiste comme témoin  au mariage de noble demoiselle Anne-Gabrielle d'Auquoy avec messire Jacques Ricahrd, seigneur de Celigny. Suivit-il ce dernier dans son pays, ou comme plusieurs prêtres du diocèse accompagna-t-il Monseigneur à Tuiseau, cet éminent prélat franc-comtois ? Le fait est qu'il n'exerça point le ministère dans le diocèse de Besançon. Il était curé de Sichants ou Seichamps, au diocèse de Nevers en 1772. Il y était encore en 1788 comme l'indique un acte de baptême du 28 février 1788 où il fut ici parrain représenté de son neveu Guillaume, fils de Joseph Bonney et de Jeanne Déray. Peu en sûreté dans sa paroisse pendant le Révolution, il revint au pays natal, croyant sa vie moins en danger sous le toit paternel. (Il comptait sans les dénonciateurs !) Dans le courant de juillet 1796 il fut arrêté, comme nous venons de le voir, dans la petite cave derrière l'écurie de Félicien Bonney, son arrière-petit neveu, au moment où il confessait une vieille personne, disent les uns, pendant qu'il célébrait le saint sacrifice, entourés de ses parents et de quelques rares privilégiés disent les autres. Il dut sa délivrance à l'énergie de ses compatriotes, et surtout de quelques femmes dont la foi et le courage sont absolument dignes d'éloges. En feraient-elles autant aujourd'hui ?






Tous les articles précédents sur ce sujet :


La Révolution Française (introduction)
L'arbre de la Liberté

  1. Jean-François Bernard
  2. Premiers retentissements
  3. Cahiers de doléances
  4. Premières attaques
  5. L'Abbé Boilley
  6. L'Abbé Chapuis
  7. L'Abbé Chapuis (suite)
  8. L'Abbé Chapuis (suite)
  9. L'Abbé Chapuis (suite)