27 mai 2011

La Voie Romaine : sa structure


La Voie Romaine
Quatrième article : Structure de la Voie



Le 10 mai dernier avons présenté, dans nos généralités, des éléments de structure des voies romaines.
Celle qui nous occupe, la nôtre, était construite sur cette base.
Voici quelques éléments supplémentaires présenté par Murielle Paquier dans son travail de recherches sur cette Voie du Rhin qui traverse la commune :

La Structure de la voie

"L'état de conservation actuel de la chaussée est médiocre et comporte de larges lacunes. Mais, quand elle n'est pas masquée par la voirie moderne ou totalement disparue, la route romaine a subsisté sur des distances notables jusqu'au début du XXe siècle, en tant que chemin de communication, d'exploitation (Voillans), de défruit 1, de déboisement (Autechaux), vicinal (Creux d'Alouette) ou rural (Santoche, Pompierre). Exploitée pour ses matériaux, elle fut presque partout détruite par les riverains et la population locale. En levée, en talus, recouverte par les champs cultivés (Luxiol), envahie par la terre végétale (buissons et arbres, Fontenotte) ou la forêt (Voillans), la voie n'est plus qu'un lieu de friches, déshérité et ainsi abandonné à une végétation naturelle dans la majeure partie de son parcours, permettant ainsi de suivre certaines sections de son tracé.
La documentation ancienne fournit de précieuses indications sur sa structure. Dans certaines de ses portions, la voie romaine continuait de rendre les mêmes services au XIXe siècle.

Les descriptions anciennes montrent que, malgré quelques variantes, la voie romaine présentait une certaine homogénéité dans sa structure, même si elle était plus sommaire que dans le type théorique à couches multiples et dallage, tant en fondations qu'en ce qui concerne son massif supérieur.
Dans la région de Baume les Dames sont distinctement apparus les fondations et le massif supérieur (ou de roulage) de la voie.

Un note précise : La plupart des observations se rapportant à la structure de la voie sont issues des coupes effectuées par l'abbé Paul Druot (curé de Voillans 1896-1903) au début du siècle (XX°) ; celles-ci pratiquées apparemment en nombre, "plus de 50 étudiées", dans les cantons de Baume et de Clerval, n'ont, à une exception près (section des "Arbres Brûlés" à Voillans), aucunement été localisées.


Près des "Arbres Brûlés"
Les fondations se caractérisaient par une maçonnerie de blocage (épaisse d'environ 25 cm) composée de pierres de taille moyenne et de surface aplanie ("tête de chat") disposées plus ou moins irrégulièrement et qui, liées avec du mortier de chaux, constituaient une sorte de pavage "bien nivelé" (d'une largeur moyenne de 5,50m) formant un bloc extrêmement compact. Le cas échéant, la roche naturelle en place était utilisée en tant que telle, liées alors avec du mortier à des pierres posées sur chant, quand le terrain naturel put sembler suffisamment résistant.
Sur les fondations ainsi aménagées se dessinaient très distinctement des ornières parallèles profondes de  5 à 7 cm, de 75 à 85 cm d'écartement et de 5 à 6 cm "sur la largeur de l'emprise" : la voie put avoir servi à ce niveau (ne serait-ce qu'aux constructeurs) avant de recevoir son massif supérieur et de livrer des traces de son utilisation définitive.

Autre note : A Voillans, des traces d'usures (fondations, massif supérieur ?) étaient décrites comme des "ornières" sur des "dalles" larges d'environ "10 cm", quand la voie fut exploitée au début du XX° siècle.


Epais de 45 cm à 2,00 m "en fonction de l'ondulation du terrain et des fondations", ce massif supérieur comportait des couches successives (d'épaisseur variable) composées de l'un ou l'autre de ces matériaux, pierres cassées, graviers, cailloux roulés, gros sable de rivière, amalgamé par du mortier de chaux, puis damé et roulé. Il en résultait un massif revêtant l'apparence d'un béton en pierres cassées mêlées à du mortier de chaux en proportion relativement forte.

Note : 49, 56 % de chaux dans l'épaisseur des 80 cm du massif supérieur, au lieu-dit "Les Arbres Brûlés" (Voillans) (Druot, 1903-1904)

La Voie croise la Route des Intendants avec des restes visibles.


Exceptionnellement, la terre argileuse, comme matière première, pouvait remplir ce rôle. L'utilisation fréquente de la chaux tenait vraisemblablement à la proximité et à l'abondance de pierres calcaires et du combustible (bois) : ce matériau concourait à rendre toute leur dureté et compacité extrême aux couches supérieures, également aménagées selon les ressources données par le finage."


1. "chemin de défruit" Ce terme est souvent utilisé pour désigner des chemins qui sont nécessaires et utiles pour défruiter les champs (enlever les récoltes).