25 févr. 2013

Guerre de Soixante-Dix

Si vous avez lu le message du 20 février (Lettre de l'abbé Miget) vous aurez sans doute également parcouru "Plus d'infos" à la suite des documents photocopiés. Nous y avons donné quelques précisions sur la guerre de 70 dans le canton. Pour prolonger celles-ci il nous a semblé intéressant de les replacer dans leur contexte (France - Allemagne) !


Cette fin du dix-neuvième siècle est particulièrement tourmentée en Europe.

Mais parlons un peu du début de cette période en Europe et à Voillans pour mieux comprendre la guerre qui ruinera le village.


Les nationalismes se sont développés de 1815 à 1848. Les peuples, en effet à la suite de la révolution française, s’opposent à leurs rois et considèrent que chaque nation doit avoir un Etat indépendant. 



Delacroix 1830
En 1815, cependant au Congrès de Vienne, les représentants des grandes puissances européennes qui ont battu Napoléon veulent effacer les conquêtes napoléoniennes, supprimer les réformes d’inspiration révolutionnaire et rétablir l’ordre d’Ancien Régime. Mais les peuples vont réagir dès 1830 avec la nouvelle révolution qui part de France.





Voillans, à cette époque, est particulièrement florissant. Une explosion démographique  dont le point culminant se situe vers 1840 avec 575 habitants donne au village un essor qu'il n'a jamais connu auparavant. Il se dépleuplera ensuite de manière inexorable pour ne plus compter que 96 habitants vers 1975.



Le cheptel est lui aussi impressionnant : vers 1820 on compte 289 bêtes à cornes (chevaux, boeufs ou vaches), 240 veaux, porcs, moutons ou chèvres.
Vers 1850, différents propriétaires possèdent une exploitation minière. Page "histoire" vous pouvez relire nos publications sur les mines. De plus deux carrières procurent alors une pierre d'assez bonne qualité que l'on emploie pour les constructions de la commune. C'est à cette époque qu'est réalisé le Pont du Milieu.

Pont du milieu vers 1900 Collection M. Sandrat


C'est à juste titre que la Place adjacente est nommée Place Marlin. Deux jeunes gens originaires d'Autriche, Joseph Marlin et Louis Respinger arrivent à cette date au village (le premier sera tailleur de pierres et maçon, nous en parlerons bientôt). Il faut croire que le village était attractif. Pourtant, en France à cette époque, il y a un million de chômeurs pour environ trente cinq millions d'habitants.





Le Pont et la Place Marlin de nos jours


Que se passe-t-il donc en Europe à cette époque ?

Mauvaises récoltes de pommes de terre, de blé, inondations catastrophiques. 50% des ouvriers du textile au chômage et tous les jours des usines qui ferment. Les travaux du chemin de fer s'arrêtent. Les riches eux-mêmes perdent le moral !
Crise européenne qu'un hiver rigoureux 1847-1848 amplifie : les ouvriers berlinois meurent en grand nombre !

En France ?
Le peuple est au désespoir. Ce sera la révolution de 1848 avec ses massacres. George Sand ne dira-t-elle pas : "J'ai honte aujourd'hui d'être française, je ne crois plus aujourd'hui en une république qui commence par tuer ses prolétaires".
Joseph Marlin écrira quant à lui sur un linteau à Voillans  "Vivre la France" !

La province en effet demeure tranquille.
Recensement de 1866 à Voillans et précisions.
Le village est très vivant et actif.

1852-1870 : Le Second Empire et Napoléon III vont vouloir faire de la France une grande puissance,  l'empereur déclarera même "L'Empire, c'est la paix !" mais sera finalement la guerre.
La Prusse en effet fabrique des canons et n'attend que le prétexte d'attaquer la France. Son armée de 800 000 hommes bien entraînés dispose donc avec ses canons robustes et précis, qui sortent de la société Krump, d'une force considérable. Bismarck réussit à réaliser l'unité allemande, en éliminant l'Autriche (c'est peut être la raison du départ de Joseph Marlin et Louis Respinger de leur pays).
Querelle à propos de la couronne d'Espagne ...  l'affaire de la dépêche d'Ems ... la France qui déclare la guerre le 19 juillet : on connaît la suite : l'humiliante défaite de Sedan ! Dans notre région le célèbre siège de Belfort sous le commandement du colonel Denfert-Rochereau et finalement la rédition de l'armée française.

L'épisode raconté par la Lettre de l'abbé Miget se situe à ce moment là, comme nous l'avons indiqué.

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