1 juin 2011

Voie Romaine : son itinéraire dans le Doubs

La Voie Romaine
Cinquième article : itinéraire dans le Doubs



Dans notre premier article sur la Voie Romaine du Rhin, nous avons présenté très succinctement son parcours dans notre département.

Revenons aujourd'hui sur celui-ci plus en détail.
Première constatation assez confondante : 
la Voie suit à peu près le tracé de l'autoroute A 36 "La Comtoise". 
Les ingénieurs qui ont tracé l'itinéraire de l'autoroute lors de sa construction dans les années soixante sont retombés quasiment sur le tracé que les Romains avaient choisi … sans ordinateurs et sans technologie sophistiquée.




Murielle Paquier dans ses recherches, en 1989, introduit son texte ainsi :
"Jusqu'à ce jour, la vaste région naturelle définie par la vallée du Doubs entre Besançon (Vesontio) au Sud-Ouest et Mandeure (Epomanduodurum) au Nord-Est n'a guère suscité l'intérêt des chercheurs.
Les rares témoignages du XIXè s. sur l'occupation antique répartie le long de cette vallée, se trouvent désormais notablement enrichis par les recherches récentes.
Dans un environnement naturel diversifié et fortement contrasté, transparaît à l'époque romaine un aménagement du territoire de la moyenne vallée du Doubs. La grande artère longitudinale parvenant au Rhin constitue la dominante du paysage antique entre Besançon et Mandeure, unissant par Chalon-sur-Saône le couloir rhodanien aux pays rhénans.


Par la voie de pénétration naturelle qu'elle ouvre, la vallée participe depuis toujours à l'un des principaux courants de circulation comtois, entre les plaines de Saône et la Porte de Bourgogne (Trouée de Belfort), au contact de la Haute-Saône et du Jura. cet axe de communication terrestre et accessoirement fluvial fut à l'origine de la distribution linéaire des structures d'occupation, établies en vallée dans les secteurs géographiques clés, de contrôle et de passage, en particulier le relais de Luxiol-Loposagio, recherchant à l'inverse des zones de plateaux plus élevées et plus vastes."
(Laboratoire d'Archéologie Antique, Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Besançon.)





Voici donc ce parcours détaillé :

La voie quitte donc Besançon (Vesontio) par la Porte Battant et Palente.
Elle coïncide pratiquement à la RN 83 jusqu' à Séchin.
Chalezeule, 
Thise,  
Chalèze, 
Roche-lez-Beauprés, 
Novillars, 
La Malmaison 
(Elle quitte la vallée pour amorcer l'ascension des plateaux des Avants-Monts), 
Le hameau des Longeaux, 
Le territoire de Roulans, 
Séchin,  
Bois dit du Val, 
Grosbois, 
Fontenotte,
et évidemment Luxiol (Loposagio) dont nous parlerons spécialement,
Autechaux, 
Voillans … nous y reviendrons aussi !


Près des Arbres brûlés

Arrivée d'Autechaux à l'Oratoire et Sortie après le Creux d'Alouette
Levée en direction du Creux d'Alouette
On la distingue mieux l'hiver

La Voie gagne ensuite L'Hôpital-Saint-Lieffroy, 
Clerval, 
Santoche, 
Pompierre, 
Rang, 
L'Isle-sur-le-Doubs, 
Blussans, 
Colombier-Châtelot, 
Saint-Maurice Colombier, 
Colombier-Fontaine, 
Dampierre, 
Voujeaucourt, 
Mathay,
et enfin Mandeure (Epomanduodurum).
On peut suivre cet itinéraire non détaillé sur la TABLE de PEUTINGER qui date vraisemblablement de IV° siècle. Le point de départ Besançon Vesontio, l'étape de Luxiol Loposagio et le point d'arrivée Mandeure Epomanduodurum.
Sur le lien ci-dessus, il suffit de cliquer sur "avec noms actuels" pour voir apparaître ces trois lieux.
Elle provient de Lyon - Chalons. Elle rejoint Ehl en Alsace puis Metz et Trèves.  Carte


Vesontio (Besançon) est nommée Visentium sur la Table de Peutinger
C'est la capitale des Séquanes. "ves" signifie "montagne".
Nous avons déjà abordé le sujet sur ce site : Au temps des Séquanes
Ce peuple, en fait une confédération de peuples, occupait l'ouest de la Bourgogne, la Franche-Comté et jusqu'aux sources de la Seine au nord, la Bresse, Bugey et la pays de Gex. C'était un peuple très puissant deux siècles avant notre ère mais qui perdit de son prestige au moment de la conquête romaine. (Jules César estime à 12 000 le nombre de soldats engagés contre ses troupes.) Vesontio en est la capitale.

Loposagio (Luxiol) vient de Luxa, déesse gauloise (lautron, thermes) + alios (clairière cultivée)

Epomanduodurum (Mandeure) vient de epomanduo (cheval) + duro (colline fortifiée, oppidum)
C'était un oppidum et la capitale des Epomandui. Elle devient Mandubia après la conquête romaine.
Sur la Table de Peutinger on la trouve encore sous le nom d'Epomanduo. Le pont d'Epomanduodurum permettait de traverser le Doubs et conduisait à un sanctuaire situé à Mathay.

Voillans : Velatodurum ?
Nous avons déjà abordé la question.
Il y a deux autres possibilités dans les recherches : Rang, près de L'Isle sur le Doubs.
ou Vellerot sur l'itinéraire bis, de l'autre côté de la vallée.
Velatodurum est cité dans : Notice de l'ancienne Gaule, tirée des monuments romains par Jean-Baptiste Bourguignon d'Anville.
et dans Le grand dictionnaire géographique, historique et critique Par Antoine Auguste Bruzen de la Martinière,C. E.. Faber,Libraires Associés (París) 1768 :
Velatudorum, ville des Séquaniens : l'itinéraire d'Antonin la marque sur la route de Milan à Strasbourg, en prenant par les Alpes Graïennes. Elle est entre Vesontio et Epomanduodurm, à vingt deux milles du premier de ces lieux et à douze milles du second. Il y a des manuscrits qui disent Vetatudurum, d'autres Velotadurum, et d'autres Velatudarum. LaTable de Peutinger met entre Vesontio et Epomanduodurum un lieu nommé Velerot, qui pourrait bien être le Velatudorum de l'itinéraire d'Antonin. On ignore le nom moderne de cette ville.
Une communication dans les archives de la Société d'Emulation en 1903 traite en détail de la question. Nous en publierons des extraits un jour.




La Voie qui passe par le village est aussi décrite dans les itinéraires romains en France
Des promenades le dimanche en famille ! 
Si vous n'êtes jamais allés à Mandeure (Epomanduodurum),  c'est l'occasion de visiter l'ancien Théâtre Romain, aboutissement de La Voie du Rhin dans notre département.