14 févr. 2021

Saint Valentin

C'est aujourd'hui et par ces grandes froidures des câlins peuvent être bienvenus !





Un poème 

La Saint-Valentin


Auguste Angellier (1848-1911)


Février vient, c'est la Saint-Valentin, 

Février vient, il fait rougir les saules, 

Et, sous les rais d'un soleil argentin, 

Encor frileux découvre ses épaules.


Dès qu'au ciel gris, c'est la Saint-Valentin, 

Dès qu'au ciel gris, un peu d'aube prochaine, 

Un pli d'argent et de jour indistinct 

Ont soulevé les ombres sur la plaine,


Tous les oiseaux, c'est la Saint-Valentin, 

Tous les oiseaux, rouge-gorges, fauvettes, 

Merles, geais, pics, tout le peuple mutin 

Des moineaux francs, les vives alouettes,


Se réveillant, c'est la Saint-Valentin, 

Se réveillant, et secouant leurs plumes, 

D'un fou désir et d'un vol incertain 

Se sont cherchés dans les dernières bruines.


Dans les buissons, c'est la Saint-Valentin, 

Dans les buissons, les lierres et les haies 

Où le houx vert offre un rouge festin, 

Dans les roseaux, les halliers, les coudraies.


Dans les vieux murs, c'est la Saint-Valentin, 

Dans les vieux murs, pleins d'heureuses nouvelles, 

Ce fut des cris, des chants, un bruit lointain 

De gazouillis et de battements d'ailes.


Tous échangeaient, c'est la Saint-Valentin, 

Tous échangeaient, en palpitant de joie, 

Maint propos tendre ou leste ou libertin, 

Après lesquels il faut qu'on se tutoie.


De temps en temps, c'est la Saint-Valentin, 

De temps en temps, se détachait un couple ; 

Et tous les deux avaient bientôt atteint, 

Pour y causer tout seuls, un rameau souple.


Puis ils cherchaient, c'est la Saint-Valentin, 

Puis ils cherchaient les branches élevées 

Ou l'humble touffe où blottir leur destin, 

Et faire un nid aux futures couvées.


Et tout le jour, c'est la Saint-Valentin, 

Et tout le jour ce fut des mariages,