16 avr. 2011

Stress en milieu rural


Dans le cadre d'une opération de décentralisation, une réunion de la MSA a eu lieu à la Salle des Fêtes de Voillans le 30 mars dernier sur le thème : 

Stress en agriculture et dans le milieu rural en général
En effet il existe un Echelon local de la MSA (Mutualité Sociale Agricole) sur Baume les Dames, Clerval et Rougemont.
Son action : Stress en agriculture mais aussi plus largement en milieu rural.
Son objectif : Animation du milieu rural et mobilisation des élus par une action de prévention des risques de stress et suicide en agriculture.
Les délégués connaissent autour d'eux des situations difficiles (cas de suicide, exploitant agricole qui éprouve des difficultés...) et ils souhaitent proposer des réunions dans le but d'être informés :
  • des situations de stress, comment peut-on les détecter ?
  • des dispositifs d'accompagnement (mesures d'aide proposées  par la MSA, les liens avec les pratenaires), et le rôle du délégué MSA.


Bureau local :
Animatrice : Isabelle Bocquenet 03 81 65 60 64
  • Responsable : Joseph Champroy - Voillans
  • Adjoint : Roger Vacheresse - Rougemont
  • Adjointe : Gisèle Girard - Chaux les Clerval
  • Martine Rerat - Randevillers
  • Membre : Jules Culot - Rougemont
  • Membre : Denis Culot - Rougemont
C'est ainsi que le 30 mars dernier  une rencontre initiée par le Bureau Local et animée par le Docteur Jean-Jacques Laplante, directeur de la santé à la MSA de Franche-Comté, a eu lieu à la Salle des Fêtes de Voillans.






Quelques points abordés au cours de la rencontre :

  • Peut-on établir un lien direct entre le nombre de suicides et la crise économique actuelle ?
  • Quels sont les principaux facteurs qui peuvent conduire au drame ?
  • Peut-on malgré tout établir une sorte de "profil du suicidaire" ?
  • Que faire pour éviter les suicides ?
  • Concrètement, que peut faire la MSA pour prévenir les risques psychosociaux ?
Devant une assistance très captivée le Dr Laplante a présenté un montage audio visuel sur  ces questions 




A la suite de cet exposé très clair et très documenté les questions ont jailli dans l'assistance.


Il serait trop long de rendre compte en détail, ici, des débats de cette soirée intense.
Pour résumer cependant l'objectif de la soirée, disons que le suicide touche chaque année de nombreuses personnes en situation de précarité sociale, affective et professionnelle. Les médias nous ont beaucoup parlé de France-Télécom mais les agriculteurs ne sont pas épargnés. Certains connaissent ce mal-être qui peut les conduire au passage à l'acte.

On pourra se reporter à l'ouvrage "Les maux de la terre" co-écrit par le Dr Laplante et le Sociologue Dominique Jacques-Jouvenot (Université de Franche-Comté) et édité en 2009 aux Editions de l'Aube. 
(Éditions de l'Aube : Rue Amédée Giniès F – 84 240 La Tour d’Aigues +33 4 90 07 46 60)



Extraits d'un un interview du Dr Jean-Jacques Laplante 
(Bulletin d'information de la Mutualité Sociale Agricole  N° 111 Février 2011)
CCMSA - Le Bimsa Les Mercuriales, 40 rue Jean-Jaurès - 93 547 Bagnolet Cedex 

"Un entrelacs de difficultés"
A la question : Peut-on établir un lien direct entre le nombre de suicides et la crise économique actuelle ?

"D'après les travaux conduits entre 1999 et 2005 grâce aux données de l'Inserm, qui englobait les crises de l'encéphalopathie spongiforme bovine et de la fièvre aphteuse par exemple, on n'a pas enregistré de fluctuations significatives. On ne peu pas conclure à un lien direct avec tel ou tel type de crise. Aujourd'hui avec le prix du lait, les difficultés rencontrées par les producteurs de fruits, les viticulteurs ou encore dans la filière porcine, certains disent qu'il y a plus de suicides, mais on ne peut pas objectiver  de façon certaine une augmentation. Ce qu'on sait c'est qu'en agriculture  et au-delà de ce secteur, en France, il y en a trop. Le taux de suicide est fort, il arrive au troisième rang en Europe après la Finlande et l'Autriche. Avec la restructuration des entreprises et la mondialisation, on parle aussi de beaucoup plus de la souffrance au travail et du stress. Ces questions restent prioritaires. Entre 1980 et 2010, 350 000 élevages laitiers ont disparu. Une restructuration d'une telle ampleur pose la question du sens du travail comme du financement de l'exploitation par des aides. Il en découle un sentiment d'injustice sociale quand on travaille 60 heures par semaine sans "dégager de revenu". La crainte de ne pas trouver de repreneur crée aussi de l'anxiété. Ces questionnements des agriculteurs sont légitimes d'autant que, même si l'exploitation ne marche pas, ils ne cessent pas leur activité comme le ferait un salarié ; souvent il s'agit de l'outil de travail légué par leurs parents. Le poids des ancêtres peut être un des éléments acculant l'agriculteur à quitter son métier de manière aussi brutale que par un suicide. ils ne peuvent pas supporter d'être celui par lequel l'exploitation s'arrêtera."

A la question: Que faire pour éviter les suicides ?

"Tout ce qui peut augmenter le travail en coopération, favoriser les loisirs, la parole et la convivialité, est positif - d'ailleurs pour tout le monde - et pour les agriculteurs tout ce qui peut permettre de développer le lien social : le syndicalisme, le football, les cuma, le service de remplacement ... Si leurs engagements peuvent être porteurs d'un certain stress, la surface sociale, la connaissance du milieu, la participation à des réunions dans lesquelles ils entendent parler des difficultés des autres les renforcent, les fortifient et les rendent plus aptes à faire face au pépin."
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Bulletin BIMSA N° 11 de  février 2011 (page 15)